Anna de Noailles, commandeur de la Légion d’honneur : de l’histoire à l’oeuvre
par François Maillet
« Cette petite femme était grande entre les grandes. Je l'imagine […] comme une Thaïs, une Sapho, couchée dans les bras de la lyre […]. Beaucoup de gens ne veulent plus comprendre le miracle de cette figure, morte d'épuisement après une vie ravagée par la gloire et par le monologue d'une conversation qui cesse aujourd'hui pour ses intimes et qui commence pour le monde entier. 1»
Jean Cocteau (1889-1963), à la mort d’Anna de Noailles, en 1933, publie ces quelques phrases dans un hommage sincère à la poétesse. Sa vie, s’il fallait la résumer, pourrait être vu sur le prisme de la dualité, comme l’a fait Mme Mignot-Ogliastri : « Grèce et Turquie, démocratie et culte des héros, pacifisme et honneur militaire, cosmopolitisme et patriotisme, Orient et Occident, classicisme et romantisme, joie et détresse de vivre... ». Éternelle amoureuse, cible facile des critiques littéraires, Anna – dit-on – aimait la gloire. Beaucoup se sont arrêtés aux paroles de Cocteau, décrivant en 1935 la « course au rouge » : "Vous aimez servir. Les maîtres du monde vous plaisent, et la moindre puissance nationale reflète pour vous un peu de pourpre d'Antoine »2. A notre sens – avis partagé par les spécialistes de la poétesse – il faut nuancer le propos. Anna, à plusieurs reprises, dit que toute cette gloire ne sert à rien, qu’elle rêve d’une vie simple et, en dehors de tout le tumulte parisien. L’exubérance serait alors le masque qu’elle montre à la face du monde qui veut bien ne pas regarder au-delà :
« Je n'aurais pas cru que si vite je me lasserais du succès, des éloges. Mon extrême politesse pour les articles a disparue; les critiques ne reçoivent plus mes lettres émues; j'ai pris, dans la solitude, le gout de la simplicité, de l'essentiel; je vois trop le court chemin qui va de la vie à la mort 3»
Si la gloire d’Anna de Noailles a été blâmée et montrée sous la couleur – rouge – d’une vaine ambition, il faut se demander si cette vanité supposée est objective. Cette distinction ne fut-elle pas méritée ?
Il est nécessaire de rappeler rapidement que pour entrer dans l’Ordre de la Légion d’Honneur « […] ce sont les ministres […] puis le conseil de l’ordre qui déterminent ce que sont les services éminents4. ». Les propositions, après avoir été émises par le Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts – pour ce qui est de la période qui nous concerne – passent entre les mains du Conseil de l’Ordre. Cette assemblée constituée de personnalités décorées de la Légion d’Honneur sera chargée d’étudier chaque proposition, à la manière d’un juge d’instruction, puis d’en accepter et d’en rejeter. Si elle est jugée recevable, la proposition est transmise au président de la République. « Contrairement à une idée répandue, on ne demande pas la légion d’honneur5 », Anna ne la demanda pas, elle reçut cette distinction comme une marque de reconnaissance de son œuvre.
En 1904, La Comtesse de Noailles était vu comme prodige par certains, fumiste féminine par d’autres. Sa réputation ne cesse de croitre jusqu’à l’année 1920, l’apogée de sa gloire littéraire. Il faut alors se demander dans quelles conditions et dans quel contexte Anna est proposée, refusée, reçue puis promue à des grades supérieurs ? Comment elle décide d’immortaliser ces distinctions honorifiques par ses portraits – reflet de son œuvre écrite.
Anna de Brancovan, née à Paris en 1876, suit une éducation riche de langues et de littérature à Paris et au bord du lac Léman. À quinze ans, elle lit Loti (1850-1923) et le comprend, fait considérable à cet âge. Elle écrit déjà ses premiers vers6. Muse de ce début de siècle, elle fréquente artistes, musiciens, écrivains et hommes politiques7. Cible régulière des caricaturistes, elle jouit du privilège d’être visible, voire immanquable. Son premier recueil de vers sort en 1901 sous le titre le Cœur innombrable. S’en suit en 1902, un second recueil : l’Ombre des jours.
La critique de ces deux premiers ouvrages est majoritairement élogieuse, le Cœur innombrable est d’ailleurs récompensé par l’Académie Française. Alors qu’il s’agit de son premier ouvrage, la presse établie des comparaisons prometteuses :
« Le “cœur“ printanier de Mme de Noailles s’opposerait si bien à l’âme automnale de M. Dumas ! Diptyque tout indiqué !8 »
Ou encore :
« Si la noble et belle impératrice Elisabeth vivait encore, Le Cœur innombrable deviendrait son livre de chevet avec les poèmes de Heine ; et je ne doute pas qu’elle eût élevé un monument à la comtesse de Noailles, sœur de son âme souffrante et douce 9»
La critique est plus rude, deux ans plus tard, à propos de son premier Roman La Nouvelle Esperance (1905) :
« L’inquiétude se confirme quand on ouvre le livre; on ne tarde pas à s’apercevoir que, si Racine et Ronsard sont aimés en ce lieu, ils n’y ont jamais été préférés. […] Les véritables favoris sont des poètes plus récents, plus jargonnants, moins purs. […]La comtesse de Noailles oublie la notion du péché. […] Je ne sais pas de suicide romantique mieux motivé; on y peut voir et y toucher comment cette anarchie profonde défait une personne aussi exactement qu’elle décompose les arts10. »
L’année suivante, elle donne son deuxième roman le Visage émerveillé. Anna, à l’initiative de Joseph Chaumié (1849-1919), Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, est inscrite sur la liste des dossiers d’entrée dans l’Ordre de la Légion d’Honneur en tant que Femme de Lettres. Joseph Chaumié avance alors plusieurs autres noms, celui d’Anna et de Fernand Gregh mais également de Jean Jullien. Alors que la critique littéraire ne tarit pas d’éloges sur le Visage émerveillé (Roman de 1904) – sauf quelques moralistes qui la fustigent de salir la pureté de la vie monastique –, la Presse s’empare de l’annonce de la proposition – avec plus ou moins d’humour : « Mais voilà que l’on apprend que Jullien a un concurrent. Que dis-je ? Une concurrente, une dame de haut parage ; un bas-bleu bien tiré et de soie : Mme la comtesse Mathieu de Noailles ! ». Plus loin : « M. Chaumié aurait l’intention de décorer Mme de Noailles, pour la venger d’avoir été peinte, avec un cou si long et si inconsistant, par le sous-Whistler qu’est le portraitiste [La Gandara]11 » ; « Mme de Noailles n’a que vingt-six ans ; hurlent les défenseurs d’un candidat quinquagénaire [...]12 ». On fait même courir le bruit qu’Anna de Noailles aurait officieusement donné une réception pour fêter la décoration qu’elle n’avait pas encore reçue. Tout Paris s’empare de l’affaire et se divise bientôt en deux clans, les Greghistes et les Noaillistes. Des articles cinglants traversent les journaux, notamment celui de Jan Lagougine. Ce dernier, sur deux pages de l’Aurore du 26 Juillet 1904, réduit le talent de l’écrivaine à un piège séduisant et malhonnête, qui ne trouve d’excuses pour le Visage émerveillé – dont « rougirait une vraie Française » - qu’en invoquant ses origines : « c’est […] une étrangère ». Tout est prétexte pour descendre plus bas que terre la femme de Lettres – nous sommes en 1904, rappelons-le. Au début du mois de novembre 1904, le conseil de l’Ordre récuse la proposition du nom de Mme de Noailles. Le rapporteur, Ernest Lavisse (1842-1922) alors promu à la tête de l’École Normale supérieure, prononce, malgré des conclusions favorables à cette demande, le refus pour cause de « titres insuffisants ». La presse, comme les correspondances, nous montrent qu’en réalité, Anna est jugée trop jeune et que le conseil, à ce moment, était particulièrement « peu féministe13 ».
Anna est vivement contrariée. Certes, ce déchaînement de passion de l’été 1904 a fait parler d’elle, mais c’est une énorme déception pour la poétesse. C’est à cause de cet épisode qu’en 1913, elle déclinera les propositions qui lui seront faites, notamment celle de Louis Barthou14 (1862-1934). Cette tentative de 1913 peut être vue comme la volonté de ne pas revivre l’expérience négative de 1904. D’ailleurs c’est sans lui demander son avis, qu’en 1920, on l’inscrira sur la liste des proposés à la Légion d’honneur.
C’est dans ces mêmes années qu’elle rencontre Philp Alexius de László (1869-1937), portraitiste mondain qui fait, en 1913 et 1914, deux portraits15. Elle appréciera beaucoup ses portraits et gardera toujours, lors des événements importants de sa vie, la volonté d’avoir recours à son talent. La comtesse de Noailles avait conscience, plus que quiconque, que c’est par l’image – spécialement le portrait – que l’on passe à la postérité16. Parmi d’autres artistes, c’est László qui la représentera au lendemain de sa décoration de Commandeur. Elle demandera également d’autres portraits, peints et photographiés – nous y reviendrons plus loin.
Sept ans après, Anna, est proposée à la nomination par Léon Bérard (1876-1960), un proche de Louis Barthou, sans même avoir été consultée. Elle est acceptée et l’en remerciera. Entre-temps, en 1916, Paul Painlevé (1893-1933), homme politique des gouvernements Poincaré et Doumergue, est ministre de l’Instruction publique. C’est un ami et admirateur d’Anna, cela fait donc plusieurs années qu’Anna est pressentie pour le titre de Chevalier, qu’elle reçoit en même temps que son ami Marcel Proust.
La comtesse de Noailles dans les années 1920, rappelons-le, a pris plus d’importance dans le monde littéraire qu’en 1904. Beaucoup pensaient, à l’époque, qu’elle était trop jeune et trop femme, qu’elle ne s’attarderait pas dans les Lettres. Son écriture n’était pas considérée comme une chose sérieuse par tous. En 1920, elle a déjà publié neuf ouvrages, donc cinq volumes de plus qu’en 1904. Après les Éblouissements (1907) et Les Vivants et les Morts (1913), les Forces éternelles vient enrichir son œuvre littéraire. La nomination à l’Ordre de la Légion d’Honneur est une consécration. Le vif succès des Forces éternelles est aussi dû au patriotisme de la comtesse. Elle publie, après la guerre, un ouvrage où dominent l’héroïsme, la hantise de la mort et la beauté de la paix. Elle parle également d’amour en tant que femme et c’est là « l’audace neuve de ces beaux poèmes de 1917-192017 ». Dans le domaine artistique, ses portraits se multiplient : Forain, Rodin, László, Zuloaga, Blanche, Brooks… Anna est une muse, une figure immanquable de ce début de siècle. On ne pouvait alors que connaître son visage. Les photographies publiées dans ses ouvrages18 sont pour autant souvent les mêmes ; ses préférences sont claires. L’image qu’elle affiche d’elle est celle d’une muse, hiératique, la main sur le cou, solide et féminine comme nous la montre la photographie d’Henri Manuel19 (1874-1947). C’est une période où Anna travaille à son nouveau roman, Octave, qu’elle ne terminera jamais. L’année 1921 est marquée par son entrée à l’Académie royale de Belgique, ce prestige littéraire sera représenté par László – dont on a vu qu’elle aimait la manière – dans un portrait aujourd’hui détruit20. On y voit Anna, en académicienne, comme sur la photographie d’Henri Manuel21 – artiste qu’elle apprécie, semble-t-il, également.
Sa nomination en tant que chevalier de la Légion d’honneur est fixée par le décret du 20 septembre 1920. La Réception se tient le 29 octobre de la même année et c’est son mari, le Comte de Noailles22 qui lui remet les insignes. Une fois entrée dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, Anna gravit les échelons, elle sera promue Officier par décision d’Augustin Yvon Edmond Dubail, grand Chancelier de la Légion d’Honneur et fondateur du Musée - qui accueille ces jours-ci les décorations de la Comtesse de Noailles. La décision est prise en date du 28 Janvier 1925 : Anna demandera expressément à Gustave Lanson, alors directeur de l’École Normale supérieure, de présider à sa réception, cette dernière ayant lieu le 6 février 1925. Fait intéressant, Anna de Noailles choisit Lanson qui est directeur de la Rue d’Ulm, alors École Normale Supérieure pour les jeunes hommes23. Elle se place dans l’univers masculin, comme pour légitimer sa création littéraire. Lanson qui avait fustigé « les bas bleus de la littératures » ne voyait pas d’un bon œil la littérature féminine. Malgré cela Anna fait le choix de cet homme dont la réputation littéraire est prestigieuse – elle aurait aussi pu demander qu’une femme lui remette les insignes.
Dès la fin de l’année 1930, Anna fut informée qu’elle allait être promue première femme commandeur de la Légion d’Honneur. Elle demandera à Henri Bergson (1859-1941) de bien vouloir lui remettre les insignes de Commandeur à cette réception qui se tient le 27 janvier 193124. Sa nomination suscite alors de vives réactions. De partout, on la félicite, on lui demande comment elle va porter la « cravate », attribut jusque-là réservé aux hommes. Elle répond « comme un collier ».
Colette lui envoie une lettre le 27 décembre 1930 :
« Mais que je suis heureuse ! La cravate ! Comme je vous la nouerais joliment, magnifique amie ! C’est beau, ce rouge à votre cou, que je baise tendrement. Ce rouge va éclairer toute ma soirée. Je vous embrasse encore. Maurice va être si content quand je lui dirai ce soir25. »
Ici encore elle immortalise26 le moment. Kees Van Dongen (1877-1968) réalisera un portrait en pied, László un portrait plus intimiste. La séance de pose, chez Van Dongen, est intéressante en ce que les témoignages de celle-ci mentionnent la souffrance de la comtesse en cette période de sa vie. Nous sommes deux ans avant sa mort et elle n’a de cesse de répéter qu’elle a une gare de train à l’intérieur de la tête. Elle ne supporte alors pas la vive lumière des projecteurs braqués sur elle dans l’atelier du peintre fauve. C’est Arletty (1898-1992) qui a dû poser à sa place27. Vêtue d’une robe de satin blanc, Anna est représentée toute en lumière, « dans ce tableau du Musée d'Amsterdam qu’elle refusa d'acheter, le peintre ne s'est intéressé qu'à ce contraste, sous une lumière crue de projecteurs28 ». On reconnait, enroulé à sa main, son collier de perle. La palette est réduite aux teintes de gris-bleu pour le mur et la robe, le peintre use de couleurs chaudes sur les coussins posés à l’arrière sur un fauteuil afin de créer un contraste violent. Le tableau sera exposé par Van Dongen au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1931 au Grand Palais, on dit de lui que c’est « le pétard, le scandale29 » : la Comtesse à l’épaule dénudée est droite, arborant la cravate rouge, alors que sa robe tombe. Il ne faudrait pas beaucoup plus d’audace pour imaginer voir une partie de son sein gauche. Il faut se figurer la subversion iconographique qui s’opère ici. De nos jours, on ne penserait pas arborer une telle décoration avec autant de liberté et de sensualité. Les choix de l’artiste insistent sur la féminité et montrent une volonté presque politique derrière l’image, qui n’engage pas tant le tableau que l’avènement d’une femme au rang de Commandeur de la Légion d’Honneur. Le tableau sera accroché au-dessus de la cheminée du Salon, 5 rue Juliette Lamber, lors d’une soirée mondaine chez Van Dongen, la comtesse aurait dansé sous son propre portrait.
Jean Cocteau lui écrit en Janvier 1931 :
« L'injustice, la tristesse de ce monde m'accablent - j'ai donc cessé de lire les lettres, les journaux. Mais un ami de passage m'annonce votre cravate. Sur vous cravate cesse d'être cravate, moire d'être moire, "Récompense" d'être récompense, croix d'être croix - Vous aurez l'air d'une colombe poignardée30. ».
D’autre part, le portrait par László31 est bien différent, il nous présente la poétesse de manière plus intime, les cheveux détachés – comme pour accentuer les attributs féminins. Cette œuvre est aujourd’hui perdue, aucune localisation n’a été possible et seule subsiste une photographie sépia pour en témoigner. Ces deux portraits représentent Anna, légèrement dévêtue, et sont une véritable audace toute en féminité et en émancipation. Ils nous montrent une figure officielle arborant un symbole jusqu’à présent masculin d’une part et un dénudé tout en respectueuse féminité d’autre part.
Le photographe Albert Harlingue (1879-1963), aussi, rend à jamais ce moment unique en la photographiant dans l’atelier de Van Dongen. Photographie qui semble être bien plus officielle qu’une véritable séance de pose. Dès 1908, disait-elle à Romaine Brooks : « J’ai la prétention de passer à la postérité en souriant ». Cette phrase très révélatrice, et qui pourrait paraître arrogante, ne l’est pas. Elle met ici en scène sa propre postérité, bien consciente qu’elle n’est pas immortelle et non moins acceptée de tous, et ce, depuis 1904.
La Légion d’Honneur pour Anna de Noailles n’est pas seulement une reconnaissance littéraire, c’est aussi la gloire d’avoir réussi à surmonter le contexte littéraire hostile aux femmes. Il suffit de se rappeler les critiques machistes et grinçantes, les propos doutant de sa nationalité et de son amour de la France et les contempteurs du romantisme et de l’amour de l’antique de Mme de Noailles… Ces insignes ne sont pas qu’une reconnaissance littéraire, ils sont le résultat du combat d’une femme contre les souffrances humaines.
Insigne de commandeur de la Légion d'honneur d'Anna de Noalles, offert au musée par sa petite-nièce la princesse Eugénie de Brancovan en hommage au comte Anne-Jules de Noailles, accompagné de l'émouvant moulage en plâtre de sa main gauche et divers documents.
NOTES DE BAS DE PAGES :
[1] Jean Cocteau, La Comtesse de Noailles, oui et non, Éditions Perrin, Paris, 1963, pp.167-168.
[2] Cité par Claude Mignot-Ogliastri, Anna de Noailles, Editions Méridiens-Klincksieck, Paris, 1986, p.288.
[3] Claude Mignot-Ogliastri, Anna de Noailles – Maurice Barrès, Correspondance 1901-1923, Éditions de l’Inventaire, Paris, 1994, p.629.
[4] Chefdebien, Anne de, Gallimard Flavigny, Bertrand, La Légion d’Honneur, un ordre au service de la Nation, Collection Découvertes Histoire, Editions Gallimard, Paris, 2002, p.77.
[5] Idem, p.78.
[6] Publiés en 1928 chez Grasset sous son nom de jeune fille, Anna de Brancovan.
[7] Parmi les artistes elle fréquente Forain et Blanche et est habituée aux photographes depuis toujours. Elle rencontra Loti dès l’enfance, elle vivra près de Barrès, Cocteau, Colette… Comme l’écrit Mme Mignot-Ogliastri en 1986, Anna est élevée « au son du piano de sa mère, parmi des passionnés de musique comme Paderewski ou les Polignac ». Plus tard, elle sera notamment l’amie de Paul Painlevé, Clemenceau et Barthou.
[8] Charles Le Goffic, Revue universelle, 7 septembre 1901, Archives Brancovan.
[9] Franz Ansel, Durendal, 1901, Archives Brancovan.
[10] Charles Maurras, Minerva, 1 mai 1903, Archives Brancovan.
[11] Flammèche, l’Action, 4 Juillet 1904, Archives Brancovan.
[12] Y., dans le journal le Gil Blas du 3 Juillet 1904, Archives Brancovan.
[13] Mignot-Ogliastri, 1986, op.cit., p.177.
[14] Louis Barthou est alors ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, poste dont dépendent les propositions pour la Légion d‘Honneur.
[15] Dont l’un se trouve dans les collections du Musée d’Orsay, acheté par l’État, l’autre dans la collection privée des descendants Laszlo.
[16] D’où l’origine des représentations du thème de la visite du roi à l’artiste mourant, dont est le célèbre tableau d’Ingres « la mort de Léonard de Vinci ». C’est l’artiste qui permet de passer à la postérité, Anna en a conscience.
[17] Mignot-Ogliastri 1986, p.316.
[18] Egalement dans un nombre conséquent de revues et journaux comme en témoignent les Archives Brancovan.
[19] Photographie présente dans l’album Francillon-Lobre à la BNF, n°72
[20] Cette œuvre fut détruite dans un bombardement après une exposition à Londres durant la seconde guerre mondiale, qui avait été organisée par Mme de Margerie, avec des prêts d’Anne-Jules de Noailles. Voir Mignot-Ogliastri 1986, p.284.
[21] Photographie n°16 de l’Album Jane Misme, Bibliothèque Marguerite Durand, Paris.
[22] Comme en atteste les archives Nationales, n°25 du dossier concernant Anna de Noailles, disponible sur la Base Léonore. Le comte Mathieu de Noailles était lui-même chevalier à titre militaire, pour héroïsme au front durant la guerre.
[23] En 1925 l’École Normale supérieure est encore scindée entre la rue d’Ulm pour les hommes et celle réservée aux jeunes filles située à Sèvres.
[24] Sur une décision prise le 22 Janvier 1931, voir archives Nationales. N°12 - dossier Anna de Noailles, voir base Léonore.
[25] Lettre publiée dans Higonnet-Dugua, Elisabeth, Anna de Noailles : le cœur innombrable, Biographie correspondance, Ed Michel de Maule, Paris, 1989, p.431.
[26] Il est indéniable que le portrait a à voir avec la survivance, le combat contre la mort et l’oubli, Anna en avait conscience.
[27] Mignot-Ogliastri 1986, p.286.
[28] Idem
[29] Cat. Exposition. Kees Van Dongen 1990.
[30] Il n’y rien dans cette lettre d’incisif contrairement à l’encre qui a été versée sur cette idée, quoi que les guillemets entourant le mot « récompense » montrent que Cocteau attache peu d’importance à ce genre de titre. Il fait également référence à la variété d’oiseau qu’est la colombe poignardée, colombe ornée d’une tache rouge-sang sur le cou. Il fait aussi sans doute un clin d’œil à l’œuvre éponyme d’Apollinaire.
[31] Nous remercions ici la générosité de Sandra de László qui nous a fourni gracieusement la photographie.
BIBLIOGRAPHIE :
Mignot-Ogliastri, Claude, Anna de Noailles, une amie de la princesse Edmond de Polignac, Méridiens-Klincksieck, Paris, 1986.
Mignot-Ogliastri, Claude, Correspondance Cocteau-Noailles, Cahiers Jean Cocteau, Editions Gallimard, Paris, 1989.
Mignot-Ogliastri, Claude, Anna de Noailles - Maurice Barrès, CORRESPONDANCE 1901-1923, Editions de l'Inventaire, Paris, 1994.
Le portrait d'écrivain de 1850 à nos jours, Catalogue de l'exposition proposée par la Maison de Victor Hugo, La Parisienne de la Photographie et la Maison Européenne de la Photographie, Édition Paris-Musées, Paris, 2010.
Cocteau, Jean, La Comtesse de Noailles, oui et non, Éditions Perrin, Paris, 1963.
Chefdebien, Anne de, Gallimard Flavigny, Bertrand, La Légion d’Honneur, un ordre au service de la Nation, Collection Découvertes Histoire, Editions Gallimard, Paris, 2002.
Higonnet-Dugua, Elisabeth, Anna de Noailles : Le Cœur innombrable, Biographie-correspondance, Editions Michel de Maule, Paris, 1989.
Hopmans, Anita, Van Dongen, Fauve, anarchiste et mondain, Catalogue de l'exposition du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, (également à Rotterdam), 2011, Rotterdam, pp.171-173.