Un collier de l'Ordre royal de Saint-Michel datant du XVIIème siècle.

Dr George Sanders

 

 

Au temps de la Révolution française, l’Assemblée nationale législative décida le 6 août 1791 la suppression des vieux ordres royaux de chevalerie, à savoir l’ordre du Saint-Esprit, l’ordre de Saint-Michel et l’ordre royal de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. Cette décision marqua la page la plus noire de l’histoire de la phaléristique française, car elle entraîna la disparition définitive des insignes de ces vieux ordres. Patrick Spilliaert relève dans son Insignes de l’ordre du Saint-Esprit que pour autant ils ne disparurent pas tous du jour au lendemain, et qu’il fallut attendre le second Empire pour voir les derniers se retrouver à la fonte 1.

Pour qui se souvient de ce passé, le 22 mai 2016 marque au contraire un jour faste dans les annales de la phaléristique française, lorsque pour la première fois un musée français put présenter un collier de l’ordre de Saint-Michel (Ill. 1), mieux encore, un exemplaire datant de la seconde moitié du XVIIe siècle, dans le musée le plus approprié, puisque cette pièce exceptionnelle est exposée au musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie à Paris. Autre particularité qui mérite d’être signalée, ce collier vient des Pays-Bas. Certes, ce n’est pas le seul conservé dans ce pays, mais c’est l’occasion de nous arrêter un instant sur les relations entre les Pays-Bas et la France à la fin du XVIe siècle et dans la première moitié du XVIIe, et sur le rôle qu’y joua l’ordre de Saint-Michel 2.

 

La République des Provinces-Unies

 

Rappelons qu’en 1568 les dix-sept provinces néerlandaises – en gros les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg d’aujourd’hui – se soulevèrent contre leur souverain légitime, Philippe II, roi d’Espagne. Au fil de cette longue lutte, les provinces du nord échappèrent progressivement à l’autorité du roi, qu’en 1581 finalement elles abjurèrent comme souverain. Après plusieurs tentatives infructueuses pour se trouver un nouveau souverain, les États des provinces rebelles décidèrent d’assumer eux-mêmes la souveraineté3. C’est ainsi qu’à partir de 1588 il n’y eut plus de souverain unique pour tous ces territoires, mais que les États de Gueldre, Hollande, Zélande, Utrecht, Frise et Overijssel furent, chacun pour sa part, détenteurs de la souveraineté. En 1595 les rejoignit finalement la Groningue (Ill. 2). Siégeaient dans les assemblées de ces provinces des représentants élus de la noblesse et des villes, les États agissant comme souverains de chaque province.

 

 

Mais ces États des sept provinces souveraines se retrouvaient pourtant au sein de deux instances communes – le Conseil d’État et les États-Généraux – pour traiter de concert de questions d’intérêt général, tels la défense commune, son financement, et la politique étrangère. Au fil des ans, les États-Généraux devinrent l’organe le plus important, et à partir de 1593 l’assemblée siégea même tous les jours. Chaque province y déléguait des représentants. Il faut noter que, contrairement à ce qu’on pensait souvent à l’étranger, les États-Généraux n’avaient pas la souveraineté, mais en exerçaient certaines fonctions par délégation des sept provinces souveraines.

Même le stadhouder, à l’origine simple lieutenant du souverain en son absence, trouvait sa place dans ce nouveau système républicain. Officiellement, il n’était que le premier des fonctionnaires de la province qui l’avait nommé, mais en réalité la puissance et le prestige des princes d’Orange – au XVIIe siècle nommés stadhouders dans la plupart des provinces – leur assuraient une position bien plus éminente que celle d’un simple ”serviteur de l’État’’.

Les décisions dans les domaines qui dépendaient des débats entre les diverses provinces au sein des États-Généraux ne pouvaient être prises qu’au bout d’une procédure peu efficace, souvent d’une lenteur exaspérante. Premier handicap, l’assemblée ne pouvait débattre que des questions préalablement inscrites à l’ordre du jour, sans jamais pouvoir s’en écarter, même si l’actualité l’exigeait. Second handicap, les décisions importantes ne pouvaient être prises qu’à l’unanimité, ce qui bien souvent obligeait les représentants à retourner dans leurs provinces pour consulter leurs mandants. Troisième handicap, non seulement la présidence de l’assemblée était tournante et changeait chaque semaine, mais la composition de certaines délégations changeait aussi régulièrement.

On comprendra que les étrangers avaient peine à s’y retrouver dans un système de gouvernement aussi complexe. En revanche, il permettait à des fonctionnaires compétents et énergiques, profitant de leur grande expérience, de leurs vastes connaissances, des ré seaux qu’ils s’étaient créés au fil de leur longue carrière, de s’imposer face à ces membres des États-Généraux ou des États provinciaux qui changeaient si souvent. Cela valait, bien sûr, pour les stadhouders, tels les princes Maurice, Frédéric-Henri et Guillaume III, mais aussi pour des personnalités énergiques comme les secrétaires des États de Hollande, le landsadvocaat Johan van Oldenbarnevelt et le raadpensionaris Johan de Witt, ou les greffiers des États-Généraux de la famille Fagel, tous blanchis sous le harnais.

Celui qui voulait connaître la marche des affaires dans la République, ou, mieux encore, l’influencer, devait donc avoir beaucoup d’amis.

La France et la République, d’abord alliées, puis adversaires

 

La longue alliance qui unit pendant près de trois quarts de siècle le rex christianissimus de la France catholique et les protestants de la République est moins surprenante qu’on ne peut le penser au premier abord. En effet, le roi et la République avaient un ennemi commun, le tout-puissant empire des Habsbourg, où, disait-on, le soleil ne se couchait jamais. Une France des XVIe et XVIIe siècles qui se sentait étouffer dans l’étau mortel que formaient le Royaume d’Espagne, les possessions des Habsbourg en Italie et aux Pays-Bas, et l’empire allemand qu’ils dominaient. Et une République qui mena de 1568 à 1648 une longue guerre contre le roi d’Espagne, Philippe II, et ses successeurs. Deux pays qui avaient donc toutes les raisons de s’entendre.

Mais il est logique aussi que cette alliance, qui fut souvent bonne et cordiale – malgré parfois de profonds différends et des frictions – trouva sa fin dans les années soixante du XVIIe. Et pendant la Guerre de Hollande (1672-1678), on vit en effet les armées de Louis XIV envahir presque tout le territoire de la République, au point que dans la mémoire collective des Néerlandais, 1672 demeure ”l’année terrible’’, celle qui laissa ”le peuple sans raison, le gouvernement sans espoir et le pays sans avenir’’. L’Espagne ayant perdu son hégémonie européenne aux traités de Westphalie de 1648 et à la paix des Pyrénées en 1659, la disparition de la menace habsbourgeoise remit au premier plan les intérêts opposés de Louis XIV et de la République, et les deux alliés d’hier devinrent à partir de 1667 deux ennemis jurés, avec pour conséquence que les Pays-Bas méridionaux (grosso modo la Belgique actuelle) furent presque constamment, et pendant des décennies, le principal théâtre de la guerre en Europe.

 

Les chevaliers néerlandais de l’ordre de Saint-Michel

 

Dans les relations franco-néerlandaises, les lettres d’anoblissement et les lettres de chevalerie dans l’ordre de Saint-Michel octroyées à des Néerlandais constituent des instruments importants dans les mains du roi de France, qui cherche ainsi à se concilier des dirigeants et notables des Pays-Bas. Dès 1604, l’ambassadeur de France auprès de la République Paul Choart, seigneur de Buzenval, en signale l’attrait sur les Néerlandais et évoque dans une lettre au marquis de Villeroy ‘une maladie épidémique de ce pays, qui est de vouloir avoir des titres de chevalerie’4. Un appétit de titres, de distinctions et d’honneurs qui ne diminue nullement dans les années qui suivent. La question est régulièrement évoquée dans les séances des États-Généraux ou des États des diverses pro vinces. On y est bien conscient ‘qu’ainsi ceux qui en bénéficient s’attachent fortement à ceux qui leur confèrent ces titres honorifiques’5. À l’instigation des États de Zélande, les États-Généraux décident même ‘d’interdire expressément à tous ceux qui au nom de la Généralité vont dans une ambassade, commission ou toute autre députation ou mission, dans le pays ou à l’étranger, d’accepter de tels honneurs sous peine de révocation et de poursuites’6. Et en 1653 les ‘Hauts et Puissants Seigneurs’ – le titre donné aux États-Généraux – décident que le texte de la résolution de 1651 sera dorénavant repris dans les instructions données aux envoyés partant à l’étranger.

Mais Louis XIII et Louis XIV sont passés maîtres dans l’art subtil de tirer profit de cette ‘maladie épidémique’ qui frappe alors les élites néerlandaises, et ils se montrent particulièrement généreux dans l’octroi de l’ordre de Saint-Michel. L’étude approfondie sur les origines de sa famille que Ploos van Amstel publie en 1990 dans la prestigieuse revue de généalogie De Nederlandsche Leeuw montre bien l’ampleur de cette manne de titres et d’honneurs. Ploos commence par son ancêtre Adriaen Ploos (1585-1639), auquel Louis XIII confère dès 1621 un titre de noblesse, puis le nomme, huit ans plus tard, en 1629, chevalier de l’ordre de Saint-Michel7. Ploos étudie le lien entre les nominations dans l’ordre et les anoblissements dont bénéficient des Néerlandais, et dans l’annexe IV de cette étude, ayant exploité aussi bien des sources écrites et des archives que des monuments funéraires et des épitaphes, il donne une liste des Néerlandais chevaliers de l’ordre, liste qui d’ailleurs ne se prétend pas exhaustive, mais plutôt un premier essai8. Ploos énumère 65 chevaliers néerlandais ; j’en ai moi-même encore trouvé sept, et rien ne prouve qu’il n’y en eut pas davantage (voir annexe) 9.

Ce qui frappe, c’est que pour près de la moitié de ces chevaliers on ne connaît pas la date de leur nomination dans l’ordre. Pourquoi ? Parce que la République ne tient pas de registre central de ces titres honorifiques et ne connaît pas de réglementations dans ce domaine – ce qui n’empêche d’ailleurs pas les chevaliers de se montrer ostensiblement très fiers de leur titre. Pour autant, cela ne signifie nullement qu’il n’existe aucune information sur les nominations de Néerlandais. Les archives de la famille Pauw, par exemple, contiennent, dans les pièces du secrétaire des États de Hollande, le raadpensionaris Adriaan Reiniersz Pauw (1585-1653), une liste alphabétique de ‘ceux aux Pays-Bas qui ont reçu de quelque empereur, roi, ou Prince quelque titre honorifique, que ce soit nomination de chevalier, anoblissement, nouvelles armes, ou titre semblable’ (Ill. 3), liste qui comprend aussi 34 des 65 chevaliers cités par Ploos10. Ce type d’informations était fort important pour le raadpensionaris. Dans sa liste, ainsi que dans ses recueils d’annotations, Pauw reprend des croquis des blasons, pour bien mettre en évidence les conséquences héraldiques des anoblissements et des nominations de chevalier. Les armes de Gaspar van Vosbergen jr, s’inscrivant dans le collier de l’Ordre de Saint-Michel (Ill. 4)11, en fournissent un bon exemple.

Ce qui vaut pour la date des nominations, vaut, à plus forte raison, pour les motifs qui les expliquent et pour le contexte propre à chaque chevalier néerlandais. En fait, nous devons constater que la ‘clientèle’ néerlandaise du roi de France demeure difficile à cerner sans recherche biographique approfondie12. Certains groupes se précisent pourtant. Celui des diplomates – les ambassadeurs Aerssen père et fils, le consul néerlandais à Calais Glarges de Montigny, Knuyt, Manmaker, Adriaen Reiniersz Pauw et Van Vosbergen – tous nommés sous Louis XIII, tandis que Louis XIV n’en nommera aucun. Seconde catégorie, très évidente, celle des marins – Cabbeljau, Van Dorp, Evertsen, De Ruyter, Tromp, De With et Haultain –, nommés pour services rendus à la couronne de France.

Avec 72 chevaliers – et peut-être plus – dans l’ordre de Saint-Michel, tous nommés en une période de moins de 70 ans, les Néerlandais sont particulièrement nombreux dans cet ordre français. Mais nous ne disposons pas de données permettant d’établir une comparaison fondée avec le nombre de chevaliers d’autres nations.

Chaînes, pendentifs et portraits

 

Diverses collections publiques ou particulières possèdent des insignes ayant appartenu à sept chevaliers néerlandais de l’ordre de Saint-Michel. Dans l’ordre de leurs nominations, on trouve successivement des insignes ayant appartenu à Hendrick Thibaut (1650)13, Johan Huydecoper van Maarsseveen (1650)14, Frederik Cousebant (1654)15, Hendrick de Sandra (1657)16, Marinus Stavenisse (1661)17, Cornelis Lampsins (1662)18 et Michiel Adriaensz de Ruyter (1666)19. On connaît encore aujourd’hui les colliers de Thibaut, De Sandra, Stavenisse et Lampsins, le pendentif de l’amiral De Ruyter et les croix de Huydecoper van Maarsseveen et Cousebant. L’article traitant uniquement des colliers du XVIIe siècle, il laissera de côté les croix de Huydecoper et Cousebant, ainsi que le collier de Thibaut, dont les maillons et le pendentif portent des marques néerlandaises des XIXe et XXe siècles, ce qui implique qu’il ”s’agit très certainement d’une copie – de grande qualité – exécutée à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle ” 20.

Les nominations de De Sandra (1657), Stavenisse (1661), Lampsins (1662) et De Ruyter (1666) ne s’échelonnent que sur une dizaine d’années. Outre les trois colliers et le pendentif de De Ruyter, il existe encore un nombre assez important de portraits de chevaliers néerlandais qui se firent représenter portant la chaîne et le pendentif de l’Ordre21. Ce sont aussi bien des portraits peints que des gravures ou des sculptures funéraires, qui complètent heureusement les insignes conservés. Ces portraits représentent, dans l’ordre des nominations des chevaliers, Adriaan Reiniersz Pauw (1624), Witte Cornelisz de With (1646) (Ill. 5) – dont on connaît divers portraits peints et un monument funéraire –, Adriaan Adriaansz Pauw (avant 1654) – qui sur un portrait de famille peint par Mijttens porte le collier de l’ordre de l’épaule droite vers la hanche gauche, ce qui est tout à fait contraire à l’usage – et De Ruyter (1666), dont il existe de nombreux portraits, le plus important étant celui peint par Ferdinand Bol – un exemplaire en était accroché dans chacune des cinq amirautés que comptait la République (Ill. 6).

D’autres – comme De With (1646), Evertsen (1646) et De Vigny (1648) – se firent représenter avec le pendentif accroché à un ruban, d’autres encore – tels Renier Adriaan Pauw (1635), Coppes (vers 1652), De Sandra (1653), Pompe van Meerdervoort (1661) et Lampsins (1662) – avec la croix de Malte à un ruban. Mais tous, sans aucune exception, portent le pendentif ou la croix à un ruban en sautoir.

Les représentations de De With et De Ruyter se distinguent si nettement par la qualité de l’exécution et le souci du détail que nous pouvons en conclure que les portraitistes ont pu étudier de près pendant un certain temps les insignes de l’ordre, ce qui rend ces portraits particulièrement précieux pour notre étude22.

La chaîne

La chaîne du collier de De Sandra (Ill. 7) compte 29 maillons, soit en alternance quinze coquilles superposées et quatorze cordelières entrelacées23. Sur chaque côté des coquilles se fixe une bélière où s’accroche un petit anneau permettant d’attacher les coquilles aux cordelières. Les liens horizontaux où s’attachent les entrelacs forment aux deux extrémités une bélière. Tous les maillons sont moulés (Ill. 8).

Les doubles coquilles pointent vers l’extérieur, ce qui est tout à fait inhabituel. Elles forment un motif dessinant neuf côtes ondées placées en rayon ou en spirale. Les côtes sont incrustées d’émail blanc. Sur la coquille supérieure, perpendiculairement aux côtes, sont peintes deux lignes continues noires, alors que sur la coquille inférieure il n’y en a qu’une. Le verso des coquilles n’est pas décoré. Les maillons en forme de cordelières entrelacées se composent de cinq boucles complètes, en forme de S, fixées sur deux liens horizontaux. Les boucles sont incrustées d’émail blanc, elles portent un motif peint de larges diagonales noires. Les liens horizontaux où s’attachent les boucles ne sont pas émaillés, ce qui met mieux en évidence le motif noir et blanc des entrelacs.

 

Les chaînes de Stavenisse (Ill. 9) et Lampsins (Ill. 10) sont très différentes. Elles comptent chacune 24 maillons, soit, en alternance, douze coquilles simples et douze cordelières entrelacées. À chacun des quatre coins des coquilles est fixée une bélière où s’accroche un anneau, qui attache les coquilles aux entrelacs. Ceux-ci ne portent pas de bélière parce qu’à chaque coin ils se recourbent et forment ainsi une espèce de bélière. Tous les maillons sont moulés, les entrelacs ont été ajourés à la main (Ill. 11).

Les coquilles pointent vers l’intérieur et dessinent un motif de côtes ondées disposées en rayon ou en spirale. Les côtes sont incrustées d’émail blanc. Perpendiculairement aux côtes sont peintes des lignes continues noires, en alternance large ou mince. Aucune de ces coquilles n’est décorée sur sa face arrière.

Les entrelacs s’amorcent en haut à gauche, se poursuivent en ligne continue et s’achèvent en bas à droite, formant ainsi un motif de cinq boucles complètes en forme de S, avec des liens horizontaux et diagonaux. Les boucles sont incrustées d’émail blanc, avec en superposition un motif de diagonales peintes, en alternance large ou mince, leur orientation étant contraire à celle des liens diagonaux entre les boucles. Les liens horizontaux et diagonaux entre les boucles ne sont pas émaillés, ce qui fait mieux ressortir le motif noir et blanc des entrelacs24. Les boucles en S de la chaîne de Lampsins ont leur face arrière incrustée d’émail blanc.

Les chaînes de Stavenisse et Lampsins sont très proches par la structure, mais diffèrent par l’exécution. Les espaces entre les côtes des coquilles de la chaîne de Lampsins sont plus grands, les coquilles sont moins côtelées et leurs extrémités moins bombées.

La chaîne de De With sur le portrait de Sorgh (Ill. 5) et celle de De Ruyter sur le portrait peint par Bol (Ill. 6) présentent les mêmes caractéristiques que celles de Stavenisse et Lampsins, les coquilles simples émaillées de blanc dessinant un motif de côtes ondées placées en rayons avec des lignes noires et les entrelacs avec leur motif caractéristique de cinq boucles complètes en S en émail noir et blanc, et les liens horizontaux et diagonaux non décorés (Ill. 12).

Le pendentif

 

La chaîne porte un pendentif, du type de celui que reçoivent pratiquement tous les chevaliers néerlandais nommés au XVIIe siècle. Ajouré sur ses deux faces, il a un médaillon rond ou ovale représentant en haut-relief Saint-Michel transperçant de sa lance le démon. Le listel est bordé en alternance de six coquilles et de six cordelières, toutes également travaillées à jour. Saint-Michel, le démon, les coquilles et les cordelières sont incrustés d’émail polychrome.

Il existe diverses exécutions du pendentif. Ceux de Stavenisse et de De Ruyter (Ill. 13) sont identiques : le saint porte une tunique à rayures rouges, blanches et bleues, des bottes orange, et une bannière bleue élégamment ondée, sa peau est blanche, son aile rose rouge avec du blanc. Le démon est à terre, bras et jambes écartés, tête baissée, sa peau est rouge. Le médaillon, ovale, n’est pas émaillé, les coquilles et cordelières le bordant sont émaillées en blanc sur les deux faces, et ornées d’un motif de lignes noires. Des bélières sont montées sur la première coquille (celle du haut) ainsi que sur les seconde, quatrième et sixième coquilles ; aux trois bélières du haut s’accrochent les chaînettes qui attachent le pendentif à la chaîne ou au ruban. Seule la bélière du haut est émaillée en bandes alternativement blanche et noire. Le pendentif peint par Bol (Ill. 12) semble être une représentation assez réaliste de celui conservé de De Ruyter, encore que les couleurs du saint soient un peu différentes. On notera qu’au pendentif peint par Bol s’accroche un petit ruban bleu avec un noeud.

Si Lampsins fut nommé dans les années soixante du XVIIe siècle, comme Stavenisse et De Ruyter, son pendentif est différent du leur (Ill. 14). Cela vaut pour le positionnement du saint et du démon et leurs couleurs, pour le médaillon qui chez Lampsins est émaillé des deux côtés de lignes noires et blanches, pour la bélière du haut, qui chez lui n’est pas émaillée25. Le saint porte une tunique orange, la peau du démon semble rouge avec du blanc.

Sur les portraits peints par Sorgh (Ill. 11) et Westerveld de De With, le pendentif est tout différent : Saint-Michel, ici casqué, et avec deux ailes, n’est pas armé d’une lance, mais d’une épée et d’un bouclier. Le démon est couché sur le dos et recouvre complètement le bas de l’encadrement. L’ovale encadrant la scène n’est pas émaillé, il n’est pas bordé de six coquilles et cordelières, mais de huit, toutes émaillées. Ce pendentif rappelle nettement ceux de la collection du musée de la Légion d’honneur, qui datent de la fin du XVIe ou du début du XVIIe (Ill. 15)26. Si les deux peintres semblent bien avoir représenté le même pendentif, l’accrochage est tout différent : Sorgh l‘accroche à trois chaînettes, Westerveld à une seule bélière. On notera que Sorgh a noué sur le pendentif de De With un petit ruban bleu avec un noeud.

Revenons sur le collier de De Sandra : il n’a pas de pendentif, mais une croix de Malte. Pourtant, il paraît peu probable que De Sandra n’ait jamais porté une telle combinaison. Il nous a laissé divers portraits peints, et sur ceux le représentant portant l’ordre de Saint-Michel, la croix de Malte est toujours accrochée à un ruban en sautoir (Ill. 16). L’étui de maroquin rouge qui accompagne le collier de l’ordre a été conservé, lui aussi ; de petites cloisons verticales le divisent en compartiments destinés à accueillir non seulement le collier et le pendentif, mais aussi la croix de Malte. Comme Lampsins, De Sandra reçut une chaîne avec non seulement un pendentif, mais aussi une croix de Malte. On a déjà relevé que les coquilles du collier pointent vers l’extérieur, ce qui est tout à fait inhabituel. Un examen attentif montre que l’accrochage de la croix au collier est très maladroit, très différent de l’accrochage habituel à des chaînettes. On peut penser qu’à un moment ou un autre le pendentif fut détaché de la chaîne et remplacé par la croix, et que la chaîne fut remontée par erreur à l’envers – ce qui expliquerait aussi pourquoi les maillons sont en nombre inégal, et l’ajout à ce moment-là d’un ornement supplémentaire entre les branches de la croix de Malte, qu’on ne retrouve sur aucun des portraits de De Sandra.

Colliers et croix

 

Ni ces colliers ni ces pendentifs ne portent de marque contemporaine, ce qui fait qu’il est impossible de se prononcer sur leur fabrication. Mais nous pouvons raisonnablement supposer que les orfèvres qui exécutaient les insignes de l’ordre du Saint-Esprit fabriquaient aussi ceux de l’ordre de Saint-Michel27. Les grandes différences constatées entre ces insignes datant d’une période couvrant moins de vingt ans semblent bien indiquer que les colliers plus anciens, du fait leur réutilisation pour de nouveaux chevaliers, avaient souvent une longue durée de vie, et que les chaînes et pendentifs étaient combinés de façon assez arbitraire.

À un certain moment, le pendentif accroché à une chaîne fait place à une croix de Malte portée à un ruban – comme c’était déjà le cas dès sa création pour l’ordre du Saint-Esprit28. La date de ce changement ne prête guère à discussion ; le collier disparut de la vie publique lors des profondes réformes de l’ordre en 1661-166529. En revanche, les auteurs sont partagés sur le début de ce processus : celui des Grands colliers dit ‘à partir de l’année 1560’, De Fauconpret le situe dans ‘la première moitié du XVIIe siècle’, Pinoteau, de ‘la deuxième moitié du XVIIe siècle’, et Collignon le place dans les réformes de 1661-166530.

La pratique néerlandaise ne semble pas uniforme, d’autant plus que, ici aussi, les données connues sont sommaires, et que souvent nous ignorons avec exactitude ce que chaque chevalier a reçu. Ce qui est certain, c’est que jusque dans les années 60 du XVIIe siècle, les chevaliers reçoivent encore un collier, mais nous savons aussi que De Sandra et Lampsins reçurent aussi tous deux la croix de Malte. En revanche, les documents relatifs à la nomination de Stavenisse mentionnent uniquement le collier en or31.

De Sandra, Stavenisse et Lampsins

 

Mais qui étaient ces chevaliers de l’Ordre dont les colliers ont été conservés ?

Hendrick de Sandra naquit en 1619 à Amsterdam dans une famille d’origine flamande qui s’était réfugiée à Amsterdam pendant la Guerre de Quatre-Vingts Ans (Ill. 16).32 Son grand-père Hendrick, négociant en tripe de velours, fut actionnaire de la Compagnie des Indes orientales dès sa fondation. Pourquoi son petit-fils, pourtant marchand fortuné, opta en 1657 pour une carrière dans les armées de la République, on l’ignore. On sait en revanche que cette année-là il quitta Amsterdam pour s’installer à Deventer, et qu’il fut reçu cette même année 1657 dans l’ordre de Saint-Michel. En 1677 il fut nommé commandeur de Deventer, donc commandant de la garnison casernée dans cette ville. Il mourut en 1707 à Delft 33.

Nous savons malheureusement fort peu de Marinus Stavenisse, seigneur de Brijdorpe et Botland. Né le 1er mars 1601 à Zierikzee, où son père a occupé diverses fonctions dans le gouvernement de la ville – il en fut bourgmestre en 1607 –, il épouse en 1631 Cornelia Mogge, dont il a deux filles et un fils. Après le décès de Cornelia en 1649, il épouse en secondes noces Maria de Huijbert. Comme son père, il occupe plusieurs fonctions dans le gouvernement de Zierikzee, dont il est, notamment, secrétaire, conseiller et bourgmestre. À partir de 1654 il est député des États de Zélande aux États-Généraux. Le 24 juin 1661, il est nommé chevalier dans l’ordre de Saint-Michel, sans que l’on sache ce qui lui vaut cet honneur. Il décède le 15 octobre 1663, à 62 ans, à Zierikzee. On connaît de lui deux portraits pratiquement identiques de la main du peintre de Delft Anthonie Palamedesz (1601-1673) (Ill. 17)34.

Cornelis Lampsins (Ill. 18) naît à Vlissingen dans une famille de riches marchands qui dans les années 80 du XVIe siècle a fui Ostende pour échapper à l’intolérance religieuse et à une guerre qui ruine le commerce. La famille a su bientôt prendre rang parmi les principaux négociants et accéder au patriciat des régents de la ville.

Cornelis y est baptisé le 17 septembre 1600. Il possède, avec son frère Adriaan, une importante flotte – le futur amiral Michiel de Ruyter sert à ses débuts sur les navires des frères Lampsins. Cornelis est conseiller, échevin et bourgmestre de Vlissingen, député aux États de Zélande et, comme Stavenisse, depuis 1654 député aux États-Généraux, et aussi administrateur de la WIC, la Compagnie des Indes Occidentales.

Depuis 1654 Cornelis et son frère entreprennent, avec l’assentiment des États-Généraux, de coloniser Tobago. Ils baptisent l’île Nieuw-Walcheren (Nouveau-Walcheren), en l’honneur d’une des îles de Zélande, et fondent Nieuw-Vlissingen (Nouveau-Vlissingen), aujourd’hui Scarborough. La ville est plus tard rebaptisée Lampsinsburg. Lorsque les États-Généraux refusent l’aide militaire que leur demande Cornelis, il se tourne vers la France ; Louis XIV érige l’île en baronnie, lui confère le titre de baron de Tobago et l’élève à la dignité de chevalier de l’ordre de Saint-Michel. Cornelis Lampsins meurt deux ans plus tard, en 1664, à Vlissingen. Sa maison sur le Nieuwedijk abrite aujourd’hui le musée de la ville, le Zeeuws maritiem muZEEum, où est toujours accroché le portrait de Lampsins.

Si les chaînes et pendentifs de De With,

De Sandra, Stavenisse, Lampsins et De Ruyter datent pratiquement tous de la même période, ils présentent de grandes différences ; seuls les deux pendentifs de Stavenisse et de De Ruyter sont identiques. Les trois chaînes de De Sandra, Stavenisse et Lampsins ne le sont pas, alors que les portraits de De With et de De Ruyter montrent que le modèle de ces deux derniers était alors très usuel.

Cette brève étude sur les chevaliers néerlandais de l’ordre de Saint-Michel, leur place dans la société, les raisons de leur nomination, les insignes dont ils se paraient mérite sans aucun doute d’être poursuivie.

Notes de bas de pages

 

1 Spilliaert (P.), Les insignes de l’Ordre du Saint-Esprit. Colliers, croix, plaques, chapelets et autres ornements distribués à Messieurs les chevaliers, prélats et officiers des Ordres du roi, Paris 2016. Je remercie l’auteur qui m’a permis de lire son texte avant sa publication.

2 Je remercie volontiers mes collègues du musée de la Légion d’honneur et la rédaction du Bulletin qui m’ont demandé de rédiger cette contribution. On ne peut guère imaginer de plus grand honneur.

3 Le meilleur ouvrage sur l’histoire de la République publié en anglais est incontestablement Israël (J.R.), The Dutch Republic. Its Rise, Greatness, and Fall, 1477-1806, Oxford, 1995.

4 Cité dans Vreede (G.W.), Inleiding tot eene geschiedenis der Nederlandsche diplomatie, II.1, Utrecht, 1858, 324, note 3.

5 Ibid., 324-325. La citation est reprise d’une résolution des États de Hollande, 1er juillet 1620.

6 Nationaal Archief, archives des États-Généraux, inv. nr. 3257, Deuxième série des registres des résolutions ordinaires 1651, fol. 510, 10 août 1651.

7 Ploos van Amstel (G.), ‘Unde venis, Ploos van Amstel? Verdichtsel en waarheid over een afstamming‘, De Nederlandsche Leeuw 107 (1990), 177-283.

8 Ibid., 263-265. Hélas, l’auteur ne précise pas les sources imprimées, archives, monuments funéraires et épitaphes qu’il a consultés dans ses recherches.

9 Elle ne mentionne pas les chevaliers nommés dans l’ordre avant l’établissement de la République. On notera par ailleurs qu’au XVIIIe siècle il n’y eut aucun Néerlandais nommé dans l’ordre, à l’exception de Gerard Meerman en 1764, cf. Fauconpret (B. de), Les chevaliers de Saint-Michel 1665-1790. Le premier ordre de mérite civil, Paris 2007, 173.

10 Nationaal Archief, archives de la famille Pauw van Wieldrecht, inv. nr. 66 : «Legationes, historica, curialia et resolutiones ... citra easdem», annotations relatives au cérémonial diplomatique dans divers pays, listes et règlements s’appliquant aux missions diplomatiques des États-Généraux, surtout d’application après les paix de Münster 1645, Moscovie 1648 et Angleterre 1649, et aux déclarations des envoyés, vers 1655.

11 Je n’ai pas trouvé de données pertinentes dans les archives des greffiers des États-Généraux.

12 Des recherches sur ce sujet excéderaient le cadre de cet article.

13 Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Paris, inv. nr. 02099, 114,5 cm, 140 grammes.

14 Collection particulière, croix et lettres de chevalier illustrées, in J.-P. Collignon, Ordres de Chevalerie. Décorations et médailles de France, Paris, 2004, 26-27, Ill. 16-18 ; croix : 68,0 mm.

15 Ploos van Amstel, 266 : en 1990 dans la collection du baron del Marmol, Bruxelles.

16 Paleis Het Loo, Apeldoorn, Pays-Bas, prêt de la Stichting tot Instandhouding van het Museum van de Kanselarij der Nederlandse Orden, inv. nr. E262, croix : 78,4 x 78 mm, collier et croix : 205,13 grammes.

17 Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, dépôt de famille néerlandais, Paris, 145 grammes.

18 Rijksmuseum Amsterdam, inv. nr.: NG384 (collier): pendentif 4,5 x 4 cm; NG 385 (croix): 5,1 x 5,1 cm. Je remercie Gijs van der Ham, conservateur au département Histoire, et Joosje van Bennekom, restaurateur à la section Métaux, service Conservation et Restauration, qui m’ont permis d’étudier le collier de Lamspins.

19 Le Scheepvaartmuseum, Amsterdam, prêt de la Kweekschool van de Zeevaart, inv. nr. 1990.0945, 7 x 4 cm, 85 grammes.

20 Grands Colliers. L’orfèvrerie au service d’un idéal, Paris, 1997, 14-16.

21 On n’a repris que des portraits contemporains des chevaliers de l’ordre de Saint-Michel. Des recherches plus poussées sont souhaitables. Voir la base de données du RKD (Institut néerlandais d’histoire de l’art), https://rkd.nl/en.

22 Il s’agit des portraits de Witte Cornelisz de With au Scheepvaartmuseum Amsterdam, inv. nr. S.1728(01) (Ill. 5), de Michiel Adriaensz de Ruyter au Rijksmuseum, inv. nr. SK-A-44 (Ill. 6) et de Witte Cornelisz de With de la main d’Abraham Westerveld, cf https://rkd.nl/en.

23 Fauconpret (B. de), 17 : ‘un peu plus tard (après la réforme du collier en 1516), les coquilles simples seront parfois remplacées par des coquilles disposées deux par deux, l’une au-dessus de l’autre’.

24 Une étude attentive montre que le commencement et l’extrémité des entrelacs (les bélières en haut à gauche et en bas à droite) ne sont pas émaillés, alors que les bélières en haut à droite et en bas à gauche, qui font partie d’une boucle, le sont partiellement.

25 Les pendentifs de Stavenisse, Lampsins et De Ruyter ont des dimensions très proches : le premier mesure 5 x 4 cm, le second 4,5 x 4 cm et le troisième 7 x 4 cm. La hauteur du troisième inclut incontestablement l’anneau et les chaînettes. Le collier de Stavenisse pèse au total 145 grammes, celui de Lampsins n’a pas été pesé. Le pendentif de De Ruyter pèse 85 grammes.

26 MLHOC, inv. nr. 08279, pendentif de l’ordre remis à Martin de Vanssay, seigneur de Labarre de Conflans, vers 1607 ; MHLOC, dépôt Alma FRC, 2015, pendentif de l’ordre, fin du XVIe siècle. Tous deux représentés dans Collignon, 26, Ill. 14.

27 Spilliaert (P.), op. cit.

28 Spilliaert (P.), op. cit.

29 Le règlement du 14 juillet 1661 stipule que le collier ne sera plus porté que ‘aux quatre bonnes fêtes de l’année, et au jour et fête de Saint-Michel’, cf. De Fauconpret, 31, note 3.

30 Grands Colliers, 116 ; Fauconpret (B. de), 30 ; Pinoteau (H.), Études sur les ordres de chevalerie du Roi de France, Paris, 1995, 33 et Collignon (J.-P.), Ordres de Chevalerie, 23.

31 Les documents se trouvent dans la collection du musée de la Légion d’Honneur.

32 H. Nalis, ‘De schilder Pieter van Anraedt en de familie De Sandra’, partie 2, ‘De familie De Sandra’, Deventer Jaarboek, 26 (2012), 25-46.

33 Les archives de la famille De Sandra font partie des archives Fraeylemaborg, conservées dans les archives du Regionaal Historisch Centrum Groninger Archieven, qui possède également l’acte de nomination de De Sandra comme chevalier de l’ordre de Saint-Michel. Les archives Fraeylemaborg ne sont pas ouvertes au public.

34 Le second portrait, qui n’est pas repris ici, n’est actuellement pas localisé. Nous savons qu’il date de 1659 ; Stavenisse fit plus tard peindre autour de ses armoiries le collier de l’ordre de Saint-Michel.

 

 

 

Annexe

Liste alphabétique des Néerlandais nommés dans l’ordre de Saint-Michel

(les chevaliers que Ploos n’a pas mentionnés sont indiqués en gras)

 

1 1612 Aerssen (1572-1641), François van

2 1625 Aerssen (1600-1662), Cornelis van

3 Alteren (décédé après 1657), Simon van

4 Alteren, Pieter van

5 Bam, Jacob

6 Bardes(ius) (décédé 1631), Willem

7 Berchem, Jan van

8 1635 Beveren (1591-1663), Cornelis van

9 Bije (1604-1652), Arend de

10 1629 Blijenburg (1589-1630), Adriaan van

11 Broeck (né 1593), Johannes van den

12 1646 Cabbeljau, Willem-Jan

13 1644/5 Camer(e) (décédé 1669), Johan van der

14 1671 Caron (1600-1673), François

15 Caron (1634-1706), François

16 1648 Cock (1605-1655), Frans Banning

17 1635 Coenders van Helpen (1601-1676), Bernard

18 vers 1652 Copes (1601-1669), Johan

19 1654 Cousebant (1626-1707), Frederik

20 Coymans (1618-1690), Balthasar

21 1625 Dorp (1587-1652), Philips van

22 1646 Evertsen (1600-1666), Johan

23 Foreest (1586-1651), Jan van

24 1661 Gheel (1628-1705), Daniël van

25 Gheel (1623-1668), Johannes van

26 1637 Glarges (1599-1683), Cornelis de Montigny de

27 avant 1660 Hogendorp (décédé 1673), Daniël van

28 1648 Hooft (1629-1680), Arnout Hellemans

-117-

29 1639 Hooft (1581-1647), Pieter Cornelisz.

30 1650 Huydecoper van Maarsseveen (1599-1661), Johan

31 1632 Huygens (1596-1687), Constantijn

32 Huyghens (1592-1666), Rutger

33 Junius (décédé 1675), Jacob

34 Kempinek, Reinier

35 1643 Kien (1600-1648), Nicolaas

36 avant 1648 Knuyt (1587-1654), Johan de

37 1662 Lampsins (1600-1664), Cornelis

38 Manmaker (né 1579), Adriaan van

39 Marez (1632-1691), Samuel de

40 Meerman (1610-1680), Dirck

41 1632 Musch (1592-1650), Cornelis

42 1636 Pauw (1618-1688), Diederik Reiniersz.

43 1624 Pauw (1585-1653), Adriaan Reiniersz.

44 1634 Pauw (1591-1676), Reinier Reiniersz.

45 Pauw (1615-1676), Gerard Adriaansz

46 Pauw (1622-1697), Adriaan Adriaansz.

47 1635 Pauw (1612-1652), Reinier Adriaansz.

48 1629 Ploos (1585-1639), Adriaen

49 1661 Pompe van Meerdervoort (1639-1680), Cornelis

50 Reinst, Jan

51 1641 Rengers (1620-1679), Osebrand Johan

52 1666 Ruyter (1607-1676), Michiel Adriaensz. de

53 1657 Sandra (1619-1707), Hendrick de

54 1640 Schrassert (1600-1651), Hendrick

55 Schuyre, Everard van der

56 Schwartzenberg, heer van Oldersum (1582-1640), Frederik thoe

57 avant 1622 Schwartzenberg, heer zu Hohenlandsberg en Hamborn

(1583-1641), Adam, graf zu

58 1661 Stavenisse (1601-1663), Marinus

59 Strick (décédé 1648), Johan

60 Teding van Berkhout (1597-1632), Vokkert

61 1650 Thibaut (1604-1667), Hendrick

62 1642 Tromp (1598-1653), Maarten Harpertsz.

63 1648 Vigny (décédé 1662), Isaac de

64 Vlaming van Oudtshoorn (1613-1688), Cornelis de

65 Vosbergen jr. (décédé 1640), Gaspar van

66 Vosbergen sr. (décédé 1649), Gaspar van

67 Vosbergen, Jan van

68 Westerbaen (1599-1670), Jacobus

69 Wickevoort (Wicquefort) (1600-1670), Joachim van (de)

70 1646 With (1599-1658), Witte Cornelisz. de

71 1644 Wouw (1597-1657), Bartholomeus van

72 1626 Zoete de Laeke (décédé 1637), heer van Haultain, Willem de